Rompre la poche des eaux avant la mise en route du travail expose la mère et le bébé à un risque infectieux, ce qui emmène les femmes à être déclenchée au bout d’un certain temps.
Qu’en est-il de ce risque infectieux, que faire pour déclencher naturellement l’accouchement, faut-il opter pour les antibiotiques ou pas ?
Limitons les risques de RMTAT et de rupture des membranes prématurée (<37SA)
Tout d’abord, on sait que la solidité et la résistance de la poche des eaux sont réduites en cas de carence en vitamine C, en fer, en zinc et en cas de tabagisme maternel.
Limiter l’anémie, consommer des aliments riches en vitamine C et en zinc sont donc des bonnes préventions au problème de rupture précoce. Je pense qu’on peut largement répandre l’idée qu’une alimentation équilibrée est la base d’une bonne santé en général. Celle de la poche des eaux ne déroge pas à la règle. La naturopathie a littéralement changé ma vie alors je ne saurais que vous la conseiller à tout stade de votre existence.

Si la poche romp quand même
Observer la quantité et la couleur du liquide amniotique (clair, vert clair, vert foncé et épais), se connecter au bébé et observer ses mouvements actifs, contrôler sa température : voici quelques réflexes à avoir lors de la rupture.
Si le doute plane sur une potentielle rupture (parfois, ça n’est pas franc, l’écoulement est de faible quantité), mettez-vous au sec et observez si l’humidité revient rapidement. Un test peut également déterminer si du liquide amniotique est présent dans le vagin : à faire auprès de votre sage-femme, à la maternité ou même chez vous avec des protèges-slip spéciaux changeant de couleur en présence de liquide amniotique.
Un enregistrement du rythme cardiaque fœtal devrait être contrôlé dans les 12h qui suivent la rupture par le.la professionnel.le qui vous suit pour cette grossesse. Donc évidemment, appelez le.la pour prendre un RDV en urgence dès que vous constatez que le liquide s’écoule (si tout va bien, essayez de dormir, cela peut être fait au petit matin plutôt qu’au milieu de la nuit).
(Attention, rarissime, si lors de la rupture vous sentez le cordon de bébé dans votre vagin, il faut appeler immédiatement le 15 puis attendre les secours en adoptant une position les fesses en l’air (par exemple à 4 pattes sur les avant-bras) pour limiter la pression exercée sur le cordon. Ceci s’appelle la procidence du cordon. C’est une urgence qui peut mettre en jeu la vie du bébé et qui arrive dans 1 à 2 pour 10000 naissances à terme de fœtus unique en position céphalique. Plus d’info ici.)
Quelles sont les recommandations officielles ?
La Haute Autorité en Santé (HAS) émet la recommandation suivante : « La prise en charge à domicile dans un contexte de faible taux d’antibioprophylaxie, en comparaison à l’hospitalisation, pourrait être associée à une augmentation du risque d’infection néonatale, ce d’autant qu’il existe une colonisation au streptocoque de groupe B (SGB). La prise en charge à domicile n’est donc pas recommandée. » Le niveau de preuve de cette affirmation est notée grade C : moindre.
Lors de la rupture, il est recommandé d’observer les signes cliniques d’infection (température, pouls maternel, frissons, mouvements actifs fœtaux) et la couleur du liquide amniotique qui s’écoule.
Les touchers vaginaux sont à éviter avant et pendant le travail pour me pas faire remonter de germes vers l’utérus.
Un enregistrement cardiaque fœtal doit être réalisé.
Le résultat du prélèvement vaginal effectué entre 34 et 38 SA à la recherche de streptocoque B n’a pas d’influence sur la conduite à tenir en cas de RMTAT (grade B – niveau de preuve intermédiaire).
Il n’y a pas de preuve suffisante pour dire que l’antibioprophylaxie diminuerait les risques d’infection néonatale. En revanche, en cas d’expectative >12 h suite à la rupture, l’antibiotique réduit les infections intra-utérine.
Les antibiotiques à prescrire en première intention sont les beta-lactamines (pénicillicines) sauf en cas d’allergie reconnue (érythromycine). Ils sont à administrer par voie orale avant le travail puis en intra-veineuse ou intra-musculaire tout au long du travail (la voie orale n’a pas été étudiée pendant le travail).
Que préférer entre déclenchement et expectative ?
Il n’y a pas de preuve suffisante pour dire que le déclenchement réduirait les infections néonatales ni pour dire que l’expectative réduirait le taux de césariennes. Dans ce contexte, il est recommandé (en réévaluant fréquemment les signes cliniques) de proposer le déclenchement au bout de maximum 96 heures / 4 jours de rupture de la poche des eaux. Chaque service possède sa propre politique en la matière.
Prendre des antibiotiques serait de mise, oui mais considérons aussi :

Les études sur lesquelles s’appuient les recommandations officielles sont toutes des études hospitalières. Les germes y sont différents de ceux présents à la maison. La femme n’a donc pas encore d’anticorps contre eux.
On sait qu’il faut 3 semaines pour produire des immunoglobulines (= anticorps) de type G, c’est à dire de type suffisamment petit pour passer la barrière placentaire et gagner la grossesse et le bébé. Ce phénomène de passage IgG aux bébés va crescendo passé 37 SA.
Les germes de la maison sont connus et le corps maternel y est préparé. Ceux de l’hôpital sont différents et étrangers à la mère.
D’autre part, un antibiotique ne sélectionne pas les germes sur lesquels il va agir. Il détruit donc sans discernement la flore naturelle comme la flore pathogène. On constate ensuite un affaiblissement de la flore vaginale et gastrique du bébé qui n’aura pas bénéficié des bonnes bactéries de sa mère. Cela donne un nouveau point de réflexion sur l’antibioprophylaxie recommandée, surtout quand on sait que le microbiote pourrait bien être la base de l’immunité humaine.
En cas de RMTAT avec présence de streptocoque B <38 SA, il peut être judicieux de ne pas tenter une naissance à la maison car on augmente le risque d’infection néonatale en lien avec un faible taux d’IgG contre le streptocoque B passé par le placenta, surtout si le couple opte pour ne pas prendre d’antibiotiques. À corréler aussi aux proportions de bébé (plus petit = plus fragile).
Une réflexion sur “Rupture des membranes à terme avant travail (RMTAT)”