Je vous propose ici un briefing sur la diversification alimentaire et les laits végétaux.
J’ai eu l’occasion de lire le livre de Candice Levy : Quels laits pour mon bébé ?, et j’en ai fait un petit résumé additionné de quelques connaissances personnelles.
En espérant que cela vous apporte un peu de lumière dans vos questionnements.
À quel âge convient-il de débuter la diversification ?
A partir de 6 mois de vie, le bébé peut commencer à manger d’autres aliments que le lait maternel ou maternisé.
Avant cet âge, la maturité intestinale n’est pas suffisante pour digérer correctement les aliments proposés, ce qui augmente le risque d’intolérances alimentaires. L’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) recommande d’ailleurs un allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois de vie. Mais attention, à 6 mois, le bébé est loin d’avoir une maturité complète de ses organes digestifs. Il convient donc d’introduire certains aliments plus tôt que d’autres et d’y aller lentement pour s’assurer qu’aucune intolérance ne se développe. Entre 6 et 8 mois, les aliments sont donnés 2 à 3 fois par jour, puis 3 à 4 fois entre 9 et 11 mois. De 12 à 24 mois, l’enfant mange 3 ou 4 repas dans la journée avec 2 encas nutritifs à la demande.
Quels sont les aliments que je peux lui proposer ?

A partir de 6 mois, les fruits et les légumes s’introduisent dans l’assiette de bébé. Mieux vaut les choisir de saison et issus de l’agriculture biologique pour maximiser les nutriments qu’ils contiennent. Un nouveau fruit et / ou légume par semaine suffit. Le bébé doit se faire au nouveau goût ce qui permet d’observer par ailleurs une éventuelle intolérance alimentaire et de bien cibler l’aliment en cause. D’une manière générale, prendre son temps sera toujours le leitmotiv des introductions alimentaires.
A 7 mois, ce sont les céréales qui arrivent dans le régime de bébé. Préférer les céréales sans gluten jusqu’à 9 mois : riz, millet, sarrasin, quinoa, tapioca, maïs. Dès 9 mois, l’introduction des glutens est bien tolérée avec le blé, le seigle, l’orge, l’avoine, l’épeautre. En effet, l’intestin, du fait de son immaturité, a une perméabilité excessive et peut laisser passer des protéines étrangères si elles sont apportées trop tôt. Cela peut favoriser la survenue ultérieure d’allergies et de maladies immuno-allergiques. C’est le cas, entre autres, de la gliadine : protéine du gluten.
A 9 mois, les autres formes de protéines peuvent être apportées : protéines animales avec la volaille, le poisson maigre et gras, l’œuf ; protéines végétales avec les céréales (déjà introduites), les légumineuses, les oléagineux, les graines germées.
A ceci s’ajoutent progressivement les huiles végétales biologiques de première pression à froid pour apporter des acides gras insaturés :
- l’acide alpha-linolénique = oméga 3 : lin, colza, noix, chanvre
- l’acide linoléique = oméga 6 : tournesol, soja, carthame, pépins de raisin, canola
- l’acide oléique = oméga 9 : olive, noisette, colza, carthame, canola.
Omégas 3 et 6 ne sont pas synthétisés par l’homme. En apporter de manière alternée, à raison d’une cuillère à café dans les écrasés ou purées, est capital.
Quelles sont les quantités à apporter à l’enfant
Pendant les deux premières années de bébé, les besoins nutritionnels augmentent mais la taille de l’estomac reste relativement petite avec 30 ml/kg de poids corporel. Il convient donc de privilégier avant tout des aliments à haute teneur nutritive.
L’enfant, bien que démuni de la communication verbale, sait très bien faire comprendre un sentiment de faim ou de satiété. C’est donc sur la qualité des repas plus que sur la quantité qu’il faut réfléchir. On veillera tout de même à démarrer avec des petites quantités à chaque nouvelle introduction alimentaire. Par exemple, une ou deux cuillères à café le premier jour puis davantage selon la faim et ce que l’enfant accepte.
Survol de quelques aspects nutritifs
L’alimentation doit apporter une quantité suffisante des différents nutriments nécessaires pour assurer la couverture de l’ensemble des besoins de l’organisme. Comme ces besoins sont différents d’un individu à l’autre, il est complexe d’essayer de détailler chacun des nutriments qui devraient être présents dans l’alimentation dans leur juste proportion. Il est tout de même possible d’établir des Apports Nutritionnels Conseillés (ANC). L’équilibre individuel s’effectuera ensuite grâce à une alimentation faite à base de produits frais et variés.
Parmi les ANC, on trouve :
- l’eau
- les protéines composées d’acides aminés. Notre corps en est constitué à environ 15%. Elles servent également à la construction des cellules. Certains acides aminés ne peuvent pas être fabriqués par le corps, ils sont dits “essentiels” et doivent être apportés par l’alimentation.
- les glucides. Ce sont les sucres, l’énergie immédiatement disponible pour nos cellules musculaires, nerveuses et autres.
- les lipides. Cette catégorie peut également servir de carburant puisque les lipides peuvent être transformés en sucres. Ils constituent en partie la membrane de nos cellules. Ils aident au transport et à l’absorption des vitamines. Ils contribuent à l’élaboration des hormones sexuelles. Enfin, parmi les lipides sont comptés les acides gras polyinsaturés nécessaires au développement et au maintien des fonctions cérébrales, impliqués dans les processus visuels, artériels, les réponses immunitaires et inflammatoires…
- les minéraux avec notamment les oligo-éléments. Parmi eux, le calcium, le magnésium, le potassium ou encore le fer, le zinc, le cuivre. Ce sont des substances indispensables au bon fonctionnement de l’organisme. Ils entrent dans la composition des enzymes et des hormones, ils jouent un rôle clé dans la constitution des os et des dents, ils contribuent au maintien de la fonction cardiaque, musculaire, neuronale et de l’équilibre acido-basique.
- les vitamines qui, tout comme les minéraux, n’ont aucune valeur énergétique, contribuent au bon fonctionnement des cellules.
Pour évaluer la qualité d’un aliment, il faut également prendre en compte sa biodisponibilité. Il s’agit de la proportion de nutriments absorbés par les organes digestifs dans l’organisme. Si un produit est très chargé en un nutriment donné mais que le corps rencontre des difficultés à l’assimiler, son intérêt en sera réduit par rapport à un aliment plus pauvre en ce même nutriment qui sera complètement absorbé.
D’autre part, lorsque nous cuisons les aliments, nous en modifions la structure. La cuisson tue les enzymes et les vitamines qui facilitent les réactions chimiques dans notre corps. Elle tue également les bactéries et les parasites mais c’est un outil incroyable pour cuisiner les meilleurs plats ! Alors, lorsque manger cru n’est pas possible ou pas envisageable, favoriser la cuisson à la vapeur douce, au four traditionnel ou au wok. Friture, barbecue et eau bouillante sont moins intéressants d’un point de vue nutritif. Le four à micro-onde est à proscrire au maximum.
Quel est l’intérêt nutritif des différents laits et lequel choisir pour mon bébé ?
Le lait reste un aliment de base dans le régime du bébé jusqu’à l’âge de 1 an. Selon le lait choisi, chacun de ses besoins sera plus ou moins bien couvert. Il convient donc de se pencher sur la composition des préparations infantiles, pour ne pas risquer de créer de déséquilibre dans cette phase cruciale pour le développement de l’enfant.

Le lait maternel est parfaitement adapté au bébé. C’est un produit naturel et évolutif qui répond parfaitement aux besoins de l’enfant au fil du temps. Il est, de plus, parfaitement assimilé par son organisme. Ainsi, tout dans le lait maternel est utilisé de manière optimale.
Sa composition dépend, entre autres, de l’alimentation de la maman ainsi que de ses propres réserves.
Le lait ne contient que 1% de protéines. C’est un des pourcentages les plus bas des laits de mammifères, ce qui est en accord avec une croissance staturale très lente du petit de l’homme.
Il est composé en moyenne de 87% d’eau et de 7% de glucides (lactose et galactose).
Les lipides, contenant près de 150 acides gras identifiés que seul le corps humain est capable de fabriquer, sont de fabrication lente et se concentrent davantage en fin de tétée de chaque sein.
Enfin, les minéraux lactés ont une biodisponibilité maximale.
Le lait maternel peut donc rester l’apport lacté du bébé après la diversification. Une grande partie des besoins essentiels de l’enfant pourront toujours être couverts par l’allaitement. Si la maman est amenée à reprendre le travail, l’allaitement peut être maintenu en dehors des horaires de bureau et le solide donné sur les moments où elle n’est pas auprès de son petit.
Le lait de vache tel quel n’est pas un aliment fait pour le bébé. Il nécessite plusieurs transformations pour se rapprocher du lait de mère. Les procédés de transformation du lait de vache ont pour but de réduire sa teneur en protéines et en matières grasses et de nettoyer la flore microbienne présente (ce qui détruit également les enzymes du lait). Le lait est ensuite séché et concentré pour donner le lait en poudre que l’on connaît. Tous les laits sont soumis à une législation très stricte. Ils contiennent :
– de la maltodextrine
– des matières grasses végétales riches en acides gras essentiels
– du lactose
– des vitamines
– des minéraux
– certains fabricants ajoutent des ferments lactiques et de la taurine.
La maltodextrine est le résultat de la dégradation et du raffinage de l’amidon. Elle est issue de l’amidon de maïs, de riz, de blé ou de fécule de pomme de terre. C’est une source de glucide au goût faiblement sucré mais à l’index glycémique élevé : la montée de la glycémie monte rapidement après son ingestion. Cela sollicite beaucoup le pancréas et provoque des hypoglycémies réactionnelles.
Alternative : le sirop de riz. Produit non raffiné et obtenu par hydrolyse enzymatique, il est un sucre naturel et lent.
L’huile de palme, largement utilisée dans les préparations pour nourrissons, est mal dégradée par l’organisme du bébé. L’acide palmitique s’y accumule. On le retrouve majoritaire dans les dépôts graisseux des enfants obèses. De plus, l’huile de palme exerce une action défavorable sur la minéralisation des nourrissons, réduisant la biodisponibilité du calcium. Alternative possible : l’huile de noix de coco, très bien assimilée et digérée.
Le fer ajouté aux préparations ne permettrait pas aux bébés d’en absorber davantage que ce qu’ils sont capables. En revanche, le fer en excès dans l’appareil digestif a tendance à augmenter l’oxydation (vieillissement cellulaire accéléré).
La taurine, naturellement présente dans le lait maternel, renforce le muscle cardiaque et améliore la vue. Elle est un composant de la bile nécessaire à la digestion des graisses.
Opter pour un lait d’origine biologique permet d’éviter la présence d’OGM et de limiter grandement les pesticides et produits de synthèse contenus dans le lait. De plus, dans le cahier des charges “bio”, les huiles végétales sont de qualité supérieure.
Les laits à teneur basse en protéines se rapprochent davantage du lait maternel ce qui permet une meilleure digestibilité, moins de constipation et moins de déshydratation.
Il existe des laits “premier âge” et des laits “de suite” ou “2ème âge” à proposer dès 6 mois. Il semblerait que les laits de suite aient été inventés pour contourner la législation très forte pesant sur le marketing du lait 1er âge. En effet, il est interdit pour les marques d’en faire la publicité. Proposer un lait de suite permettrait de faire parler de l’ensemble de la gamme de la marque. Par ailleurs, le lait de suite contient davantage de protéines alors même que la diversification en apporte déjà. De plus, le lait de suite est surchargé en fer. Dans les pays anglo-saxons, dont les Etats-Unis, il est recommandé de donner, aux bébés qui ne sont pas allaités, le même lait de 0 à 1 an.
Il existe d’autres critères de choix : 1er âge classique, hypoallergénique, fermenté, anti-reflux, satiété, transit, sans lactose, aux protéines de soja… Le choix de ses spécialités peut se faire avec l’avis du médecin en charge de l’enfant. Sans avis particulier, inutile de changer de la version classique.
Avec toutes ces informations, difficile de faire un choix. Baby bio optima 1er âge semble répondre à toutes ces suggestions.
Quant au lait de croissance après 1 an, aucune documentation n’est disponible. Selon moi, une alimentation équilibrée, variée et biologique suffirait à bien nourrir un enfant. Quant aux produits laitiers en général, c’est sûrement leur excès qui serait préjudiciable. Une consommation modérée de produits laitiers BIO n’entraînera pas de risque pour la santé.

Qu’en est-il des laits végétaux ?
Les boissons végétales liquides prêtes à l’emploi ne répondent pas du tout aux besoins nutritionnels d’un enfant puisqu’elles sont composées de près de 90% d’eau.
Il existe des préparations végétales en poudre produite par atomisation. La teneur en fruit y est de 30 à 35%. La présence de maltodextrine y est souvent importante. La haute température de l’atomisation engendre une perte des vitamines thermosensibles et une altération des acides gras.
Les préparations végétales en poudre suite à soft cuisson extrusion ont une meilleure valeur nutritionnelle. La teneur en fruit y est de 60 à 65%. Ainsi, données en complément d’une alimentation diversifiée et appropriée, ces boissons végétales instantanées de qualité supérieure sont des sources de nutriments très assimilables et de hautes valeurs énergétiques.
Pour ce qui est du caractère allergisant potentiel de certains fruits à coque (amande, noisette), il vient de la présence d’allergènes dans la pellicule de ces fruits. Certains fabricants proposent des laits de fruits émondés.
Comment apporter du fer et du calcium à mon bébé ?
Le bébé peut consommer du fer d’origine animale à partir de 9 mois. En amont, il peut déjà consommer la spiruline, le sésame en purée, les céréales complètes et semi-complètes, les légumes à feuilles vertes, les légumineuses, qui apportent un fer très biodisponible.
Le calcium est tout à fait présent dans les préparations végétales. Il est d’ailleurs très biodisponible.
Et pour les protéines ?
Les oléagineux sont une bonne source de protéines végétales, dans des proportions intéressantes pour ne pas surcharger l’organisme de l’enfant. Limités pour quelques acides aminés, on peut les associer aux céréales et légumineuses pour compléter leur valeur protéique. Par exemple : amande + sésame ou amande + châtaigne.
En définitive, les avantages des laits végétaux en poudre de qualité supérieure sont nombreux : naturellement sans lactose, sans gluten, digestes, régularisent le transit, à teneur en protéines douces de qualité, riches en minéraux et vitamines biodisponibles, apport d’acides gras essentiels, teneur réduite en lipides saturés pour gagner en digestibilité, issues de l’agriculture biologique et exemptes de résidus d’antibiotiques, de vaccins ou d’hormones. Ne pas les introduire avant 6 mois de vie.
Quelle eau choisir pour le bébé et pour ses biberons ?
La fonction de l’eau n’est pas de minéraliser mais d’hydrater les cellules. Il convient donc de choisir des eaux faiblement minéralisées. On les reconnaît grâce à l’inscription “résidus à sec / à 180°C”. Inférieurs à 50 mg/L est une très bonne teneur. Entre 50 et 500 mg/L, l’est est encore faiblement minéralisée et peut être utilisée pour l’enfant.
Surtout, éviter l’eau du robinet qui contient des résidus de l’activité agricole : chlore, pesticides, aluminium, plomb, hormones féminines. À moins, bien sûr, de la filtrer avec un système de filtration au charbon ou des filtres à osmose-inverse.